Geste vs mouvement : mobilisation des ressources cognitives
Comprendre la différence entre le geste et le mouvement
Prenons par exemple le geste de changer de vitesse lorsque vous êtes en voiture.
- Le geste démarre quand vous faîtes l'acquisition des informations de l'environnement immédiat autour de votre véhicule : densité du trafic, conditions météorologiques, tracé de la route, bruit de votre moteur, ... et l'ensemble de ces informations vont vous conduire à prendre la décision - de manière totalement inconsciente si vous êtes un conducteur expérimenté - de changer de vitesse.
- Le mouvement qui s'en suit n'est pas des plus simple (rappelez-vous quand vous avez appris à conduire ...) : il s'agit d'accélérer et d'appuyer sur la pédale d'embrayage avec les membres inférieurs, d'aller chercher avec la main droite un levier de vitesse qui n'est jamais à la même place, de le placer dans une position qui n'est jamais la même, d'assurer que le véhicule conserve la bonne trajectoire avec la main gauche qui est restée sur le volant, puis enfin de relâcher la pédale d'embrayage tout en appuyant sur la pédale d'accélération pour retrouver le bon régime moteur ...
Les TMS : essentiellement un problème de gestes, pas seulement de mouvements
On considère actuellement que le geste se décompose suivant 3 axes :
- le premier réunit tout ce qui concerne le visible du geste, que l'on appelle aussi le mouvement, avec toutes ses composantes pour le définir comme son amplitude, son angulation, l'effort requis, sa fréquence, ... C'est le domaine de la biomécanique, avec la compréhension de ce qu'il se passe au niveau des articulations (muscle, tendon, ligament, nerf, ...) pour en comprendre sa réalisation et les risques qui y sont associés : tendinite, canal carpien, ... ;
- le deuxième apporte des explications sur la dimension cognitive du geste, tous les éléments qui permettent d'anticiper, déclencher, gérer, contrôler le mouvement, et aussi de le terminer et d'en juger toute son efficacité, voire de son efficience. Ceci permet de comprendre que la réalisation d'un geste mobilise d'autant plus les capacités cognitives que le geste est nouveau, inhabituel, non préparé, non construit. C'est un lien important sur l'apprentissage (construction des nouveaux gestes)
- le troisième donne au geste une dimension psychologique, et explique comment et pourquoi certains gestes peuvent devenir délétères s'ils sont contraire à une éthique, une volonté, une envie, ... C'est aussi la compréhension des gestes empêchés, des gestes obligés ou contraints, des oublis, des erreurs, ... C'est un lien direct avec le sens du travail, sur la réflexion sur les objectifs et les buts des activités que l'on doit effectuer.
Les recherches et les connaissances actuelles sur les pathologies liées aux activités physiques comme les TMS (troubles musculo-squelettiques) peuvent s'expliquer comme la conséquence de perturbations ou d'anomalies survenant sur une ou plusieurs de ces trois dimensions : biomécanique, cognitive ou psychologique.
L'ergomotricité : agir simultanément sur les 3 axes pour construire des gestes efficaces et préservant la santé
L'ergomotricité permet d'accompagner la construction du geste, de former les formateurs pour accompagner cette construction auprès de ceux qui doivent apprendre une nouvelle tâche, un nouveau métier, ou modifier leurs gestes actuels rendu impossibles ou difficiles à la suite d'un accident ou à cause d'un handicap.